lundi 13 août 2012

Dans la tête de Saddam Hussein

A l'aube d'une promotion pour Cosmopolis, Robert Pattinson n'a encore rien révélé du tournage de Mission: Blacklist, prévu pour la fin du mois, nous nous attendons à quelques révélations sur ce projet spécial.

Si certains d'entre vous regardent les informations, de nombreux bombardements ont eu lieu en Irak la semaine dernière. Ceci, à moins d'un mois du tournage de Mission : Blacklist, nous fait nous poser des questions : est-ce que le tournage aura vraiment lieu en Irak? Les bombardements ne constituent-ils pas un danger pour l'équipe du film? Pourquoi le tournage du film reste-t-il un véritable mystère?

Toutes ces questions, bien que fondées, ne trouveront peut-être pas de réponses dans l'immédiat (en tout cas si les journalistes ou les fans ne les posent pas...).

Alors que nous sommes dans le noir le plus complet, je vous propose de plonger dans l'histoire même du livre et plus particulièrement ce personnage atypique qu'est Saddam Hussein.

En effet, comme vous le savez, Mission: Back List #1 traite de la capture de l'ancien dirigeant de l'Irak.
Pour mieux comprendre ce livre mais aussi le danger de cet homme, nous avons fait quelques recherches dans les livres (on peut remercier ma sœur, Anaïs, qui fait des études de psychologie et qui veut se diriger vers la criminologie) et voici donc une courte analyse de l'esprit de l'ancien dictateur Iraquien!

(Attention : ceci est un extrait d'un livre ayant pour but de voir l'ancien dictateur sous un nouveau jour, il ne s'agit aucunement de nos opinions politiques ou autres.)

Dans l'esprit des meurtriers, de Paul Roland aux éditions Obscuria (la face cachée de l'humain)




"Saddam Hussein - Palaces et paranoïa

Peu avant la première guerre en Irak en 1991, Dr Jerrold Post, un ancien psychiatre qui travaillait pour la CIA, fut chargé d'effectuer une évaluation psychologique du dictateur irakien, car le gouvernement pensait qu'elle pourra l'aider à prévoir sa réaction face à la menace de pression politique internationale ou même d'invasion. Comme Walter Langer l'avait fait avec Hitler, soixante ans auparavant, Dr Post releva des éléments significatifs de la vie de Saddam Hussein qui, selon lui, avaient formé son caractère et alimenté sa névrose. Tout d'abord, il avait été abandonné et maltraité. Saddam Hussein perdit très tôt son père, ce qui contraignit sa mère à le confier à son frère, Khayrallah, qui aurait violenté l'enfant. L'abandon et les mauvais traitements ne furent pas sans conséquence sur son développement psychologique, et créèrent ce que les psychologues appellent "le Moi blessé", une victime qui se méfie du monde et de tous ceux qui l'habitent. Le remariage de sa mère n'améliora pas la situation et Saddam quitta le toit familial à l'âge de huit ans pour retourner volontairement chez son oncle, qui entretint les idées de gloire militaire du garçon.
Saddam se voyait comme un conquérant, mais cette image fut ternie par un fort sentiment d'insécurité, qu'il extériorisa dans les palaces qu'il se fit construire plus tard. Les intérieurs étaient décorés dans un style digne d'un magnat persan, et sous terre, sous les sols incrustés de marbre, il avait fait construire un bunker d'acier et de béton armé pour y abriter du matériel de communication, un arsenal, et même une sortie de secours pour un hélicoptère. Que ce soit dans la vraie vie ou dans son état interne, Saddam Hussein était effectivement assiégé.
Lorsqu'il est assiégé pour de bon, le Moi blessé est généralement autodestructeur. A l'instar de Hitler et d'autres dictateurs, Saddam Hussein ordonna la destruction des infrastructures et des ressources naturelles (les gisements de pétrole) de son propre pays, pour satisfaire son caractère vindicatif. "Si je ne peux pas l'avoir, personne ne l'aura" : la réponse typique de l'enfant gâté.

Le fou du Proche et du Moyen-Orient

En décembre 1990, Dr Post avait déconseillé à la House Armed Services Committee de diaboliser le dictateur, que beaucoup en Occident avaient dénommé "le fou du Proche et du Moyen-Orient". Placer Saddam Hussein dans la catégorie des "fous" supposait qu'il était imprévisible, irrationnel et impulsif, une supposition qui ne fut pas confirmée par ses actions.
Au contraire, le leader irakien était un opportuniste politique ambitieux et calculateur qui pouvait être aussi patient qu'un prédateur qui attend le bon moment pour frapper. Il était sain psychologiquement, mais politiquement parlant, il ne vivait plus du tout dans la réalité. Sa vision du monde était déformée et extrêmement limitée. Tout comme Hitler avant lui, le dictateur irakien s'était convaincu que son destin et celui de son peuple étaient interdépendants et il pensait avoir été sélectionné par le sort pour jouer le rôle de sauveur.

Délires messianiques

Selon Dr Post, c'était une croyance en une mission messianique qui avait convaincu Saddam Hussein qu'il ne devait pas être gêné par sa conscience mais qu'il pouvait utiliser la violence contre toute personne qui s'opposerait à lui, car s'opposer à Saddam c'était s'opposer à la volonté de Dieu. Mais une agression utilisée pour défendre un idéal masque invariablement une insécurité sous-jacente. Les individus qui ont mérité leur autorité ressentent rarement le besoin de la renforcer par des coups préventifs contre leurs ennemis.
Des actes de violence délibérée et aveugle comme ceux auxquels s'est livré Saddam Hussein contre les Kurdes et contre ses rivaux politiques relèvent une forte prédisposition à la paranoïa. Brûlant d'une colère indignée, il ignora le fait qu'il avait lui-même créé ces menaces et ces conspirations, en partie pour unir les partisans dans la lutte contre l'ennemi commun, mais en partie aussi parce qu'il avait un besoin psychologique d'être constamment en guerre pour ne pas devoir affronter le vrai ennemi intérieur.
Comme avec la plupart des individus de ce genre, le seul moyen de les faire céder quand ils sont coincés, est de leur donner l'occasion de sauver la face, puisque le prestige et l'image de soi sont primordiaux. Ils n'ont ni ressources internes, ni notion de valeur personnelle.
Face à une défaite humiliante, de tels individus n'hésiteraient pas à mettre en branle leurs armes les plus effroyables dans une orgie de destruction massive plutôt que de capituler. Le pouvoir est le seul langage que les dictateurs comprennent et le seul ennemi qu'ils respecteront est celui qui aura un but précis et qui fera preuve de détermination à lutter jusqu'au bout. L'indécision et la tergiversation sont perçues comme un signe de faiblesse.
"Il ne se retirera du Koweït que s'il pense qu'il pourra survivre avec son pouvoir et sa dignité intacts. De même, il ne changera de direction que si son pouvoir et sa réputation sont menacés. Pour cela, il faudra qu'un monde unifié et civilisé, manifestant une volonté d'utiliser la force en cas de besoin, fasse preuve de force, de fermeté et de détermination. Le seul langage que Saddam Hussein comprend est le langage du pouvoir.
Saddam n'ira pas dans le dernier bunker en flammes s'il a un moyen de s'en sortir, mais il peut être extrêmement dangereux et ne reculera devant rien s'il est coincé. S'il pense que sa survie en tant qu'acteur politique mondial est menacée, Saddam peut répondre par une agression sans limites, utilisant toutes les armes et les ressources à sa disposition, pour réaliser ce qui serait certainement un acte final tragique et sanglant"

Narcissisme malin

Bien que Dr Post affirme qu Saddam Hussein ne souffrait d'aucun trouble psychologique connu, de nombreux profileurs et psychologues politiques le décriraient comme étant un exemple classique du syndrome de narcissisme malin, qui est une caractéristique relativement commune chez les criminels. Les composantes essentielles de ce syndrome, comme les identifia le psychanalyste Otto Kernberg, sont le narcissisme pathologique,des caractéristiques anti-sociales, des traits paranoïaques et des agressions sans limites. Si des hommes de ce genre atteignent des positions de pouvoir et d'influence politique, ils continueront de constituer une menace sérieuse et soutenue pour les pays voisins jusqu'à ce qu'on les destitue. Selon l'éminent psychologue politique Aubrey Immelman, directeur de recherche pour le département d'étude de la personnalité politique du Minnesota, les composantes principales de ce syndrome se manifestent comme suit :

1. Narcissisme pathologique

Saddam manifeste une grandiloquence et une extrême confiance en lui, ainsi qu'une fascination pour lui-même tellement importante qu'il est incapable d'empathie par rapport aux souffrances humaines, ce qui lui permet de commettre des atrocités contre son propre peuple aussi facilement que contre ses ennemis.

2. Caractéristiques anti-sociales

La conscience sociale peu développée des narcissiques malins est gouvernée principalement par leur propre intérêt. Des dirigeants narcissiques malins tels que Saddam Hussein sont poussés par la recherche du pouvoir et le désir immodéré de s'élever. Cependant, leur amoralité leur permet d'exploiter les croyances et les convictions inébranlables d'autres individus (des valeurs religieuses ou une ferveur nationaliste, par exemple) afin de consolider leur pouvoir personnel. Ils ne se laissent pas décourager par la menace de punition, ce qui les rend singulièrement résistants aux mesures d'indication économique, aux sanctions ou à d'autres pressions manquant de force.

3. Une conception paranoïaque

Derrière une façade grandiose, les narcissiques malins abritent le syndrome de la forteresse assiégée. Ils sont bornés, ils projettent sur les autres les hostilités qu'ils éprouvent à leur égard, et ils ne reconnaissent pas leur part de responsabilité dans la création d'ennemis. Les ennemis réels ou imaginaires sont tour à tour utilisés pour justifier le fait qu'ils agressent les autres.

4. Une agression sans limites

Les narcissiques malins sont froids, impitoyables, sadiques et cyniquement calculateurs, et pourtant ils sont capables de dissimuler leurs intentions agressives derrière un masque public de civilité ou de souci d'idéalisme.

Malgré ses attitudes agressives et ses menaces de lancer la Mère de toutes les batailles, Saddam se retira dans son bunker lorsqu'il fut confronté aux forces de la coalition pendant la Première guerre du Golfe en 1991, et n'en sortit que lorsque ses ennemis s'arrêtèrent à ses frontières, leur mandat des Nations Unies pour libérer le Koweït achevé. Mais lorsque les Etats-Unis envahirent l'Irak en 2003, il regarda ses forces armées s'enliser et retourna au Moi blessé de son enfance, se cachant dans un trou creusé dans le sol où les troupes américaines finirent par le trouver avant de le mettre en état d'arrestation. Saddam fut jugé coupable de crimes contre l'humanité et exécuté le 30 décembre 2006."


XXXX

Voilà de quoi réfléchir un peu je dirai... Cela permet de cibler le personnage mais aussi de comprendre un peu plus le contexte du livre (et du film par extension).

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